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dimanche, octobre 21, 2007

Fragments d’un discours hasardeux : la rhétorique sarkozienne décortiquée

CHRONIQUE

Si vous l’avez raté (mais est-ce seulement possible ?), voici un tout petit digest de la prose présidentielle entendue jeudi soir dans la lucarne. Une micro-dose de rhétorique sarkozienne, un échantillon de quelques minutes plongé dans mes petites éprouvettes perso.
En réponse à la question de PPDA sur la prise en compte ou non
de la pénibilité des tâches dans la réforme du régime des retraites, Sarkozy a commencé comme ça : '' « Ecoutez : moi j’ai été élu par les Français pour résoudre les problèmes de la France. On m’a pas élu pour commenter les problèmes de la France ; on m’a élu pour trouver des solutions ».''
« Ecoutez » : ça commence avec un phatique (qui n’a d’autre vocation que d’assurer le contact, ça n’a aucune valeur informative - de même que l’ explication à laquelle je me livre ici, que mes lecteurs fidèles connaissent par coeur). Phatique ultra-classique, qui présente l’avantage, par sa forme impérative, d’instaurer un léger, mais indiscutable, rapport de force entre celui qui le prononce et celui à qui il est adressé (c’est une forme adoucie de : fermez-la), et de ne coûter à son locuteur aucun effort cognitif (pendant qu’il le prononce, lentement, automatiquement, il gagne du temps, et économise sa pensée, occupée à former la suite de la phrase : toujours ça de gagné). Rien là que de très banal : tous les politiques l’emploient, pour les mêmes raisons, avec les mêmes effets.
Puis vient cet éloquent préambule, spécifiquement sarkozyste : « on m’a pas élu pour commenter les problèmes de la France, on m’a élu pour trouver des solutions », En d’autres termes : refus de la politique du « commentaire », qu’on pourrait appeler la métapolitique, au profit de la politique de l’action. On observera que disant cela, Sarkozy COMMENTE les motivations supposées de ses électeurs et son propre projet politique : il fait donc exactement la métapolitique qu’il prétend récuser. Ça s’appelle une antiphrase : ou l’art d’affirmer une « vérité » que le contexte énonciatif dément formellement. C’est une aberration ; mais avec un peu d’aplomb, ça passe pour une évidence.
Ça continue : « les Français s’inquiètent du financement de leurs retraites », « c’est un problème depuis des années », « il y a des décisions qui n’ont pas été prises toutes ces années, eh ben il faut les prendre. Tranquillement, simplement ». Tous ces énoncés n’ont aucune valeur politique dans le sens que Sarkozy vient de donner à sa fonction : ils ne formulent aucune solution. En dépit de son engagement initial, Sarkozy ne fait pas autre chose que commenter les problèmes des Français – et que dire alors de son engagement originel, celui du candidat promis au triomphe : « je ferai ce que j’ai dit, je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas ». A l’échelle de quelques phrases, et de quelques minutes, déjà, il n’y arrive pas (tout rhétoricien sait d’ailleurs qu’il est à peu près impossible de tenir ce genre de promesse, et qu’il vaut mieux s’abstenir de les faire).
Et ça continue : « je veux dire deux choses aux Français : d’abord il ne faut pas stigmatiser cette catégorie de Français (ie : les cheminots, les gaziers, les électriciens, les agents de la RATP : Sarkozy cite ces professions concernées par les régimes spéciaux, omettant évidemment d’évoquer les autres – on ne lui en voudra pas, personne n’en parle). Ils ne sont pas coupables ». Manquerait plus que ça : voici donc que par cette réfutation saugrenue (qui a dit que coupables, ils l’étaient ???), il en fait des victimes de quelque stigmatisation qu’il viendrait protéger de sa magnanime autorité. La victimophilie présidentielle est donc si grande qu’elle est prête à s’inventer des objets là où nulle victime pourtant n’est venue se plaindre ? « Je veux dire », insiste-t-il, se livrant à un classique exercice de… métalangage, ou l’art de commenter sa propre énonciation. Sarkozy aime décidément beaucoup le méta, quoi qu’il en dise.
Il aime aussi beaucoup l’autorité, la sienne surtout, puisqu’avec son adresse aux Français leur commandant de ne stigmatiser personne, Sarkozy est encore en train, l’air de rien, de donner un ordre (encore une forme adoucie de « fermez-la ») Il poursuit : « D’abord il y a la pénibilité de leur travail, ensuite il y a l’histoire des luttes sociales dans ce pays, ça compte, et lorsqu’ils ont été embauchés (à la ratp, à la sncf etc), ils ont trouvé un régime, ils ont trouvé un statut : il ne s’agit pas de les accuser de quoi que ce soit ». On aura compris que ces réfutations saugrenues (« il ne s’agit pas de les accuser ») sont des tropes communicationnels : Sarkozy fait ici semblant de parler à la France qui stigmatise (dont il postule, sinon invente, l’existence), tandis qu’il parle en réalité aux supposés stigmatisés, dont il fait ses victimes protégées : c’est l’équivalent d’une caresse sur la tête prodiguée à tous les bénéficiaires de régimes spéciaux.
Alors faisons le point : l’entretien est commencé depuis plusieurs minutes. Démarré en fanfare par le refus de la politique du commentaire, Sarkozy n’a pour l’instant fait que cela : commenter, commenter toujours, et il continue « Ils sont pas privilégiés parce que c’est des ptits salaires, et que c’est des boulots qu’sont difficiles. Et j’voudrais vous dire une chose, c’est qu’j’ai pas oublié l’attitude de ces fonctionnaires lors de la tempête de 1999 on était bien contents de les trouver, les électriciens, lorsque tout s’était effondré, et j’ai pas oublié le courage des agents de la RATP lorsqu’il y a eu les émeutes de 2005 ». Stop. On aura bien sûr noté au passage le glissement progressif, comme lors de chacune de ses allocutions télévisées, de raccourci syntaxique en apocope syllabique, vers ce que j’ai appelé jadis la langue du peuple (ou comment Nicolas Sarkozy joue l’idiome du village). Ainsi se construit sinon l’image, du moins le bruit de l’homme proche du peuple que l’avocat d’affaires a si bien imprimé dans l’imaginaire collectif, par quoi il a pu faire croire qu’il était l’ami des petites gens.
Mais j’arrête là décidément parce que cette allocution comme toutes les autres, je n’ai pas pu l’écouter en entier. Je ne supporte pas, je ne supporte plus la parole politique qui fait du bruit du bruit du bruit avant de parler, si l’on peut appeler « parler » la livraison, en passant, de la fameuse solution dont Sarkozy prétend que c’est la seule chose qu’on attend de lui: la solution tout le monde la connaît (alignement des régimes spéciaux sur le régime général, transition aménageable dans le temps avec prise en compte de la pénibilité, sans préciser ni sous quelle forme, ni dans quelle mesure) – et l’on peine toujours à comprendre qu’il faille tout ce barnum rhétorique pour finir par dire ce que tout le monde savait déjà.
Au fond RIEN ne s’est véritablement dit dans le passage que je viens de décortiquer. D’où l’intérêt de le décortiquer : car pendant qu’il ne nous disait rien, mais qu’il parlait tout de même, Nicolas Sarkozy faisait non seulement de la politique (celle qu’il récuse, celle qui ne fait que blablater), mais surtout de la rhétorique, l’air de rien : flattant les uns, commandant aux autres, dominant chacun et parlant comme tout le monde, il faisait passer mille messages à la minute, mille massages imprimant doucement, « tranquillement, simplement » comme il répéta beaucoup ce soir là, dans la masse molle de notre imaginaire l’empreinte forte, très forte, qu’il entend y laisser.

La rumeur Cécilia, et le "partage social des émotions"

La rumeur court. Ils vont se séparer. Le divorce aurait été annoncé pour vendredi dernier. Pas de confirmation pour l’instant, mais, dit-on, c’est un «secret de polichinelle ». La formule fait mouche. Façon de dire que tout le monde sait, mais que personne ne dit.
Ce qui est, d’une certaine façon, la définition d’une rumeur. Tout le monde sait ce que dit une rumeur, mais personne ne peut le prouver.
Il y a actuellement un côté concierge qui se réveille en chacun de nous, autant dans les conversations de bureau que dans la presse. Côté médias, on ne se prive pas. L’Est Républicain, le Journal du dimanche, Closer, Voici… Pour l’instant, seule la télé ne semble pas encore donner dans la rumeur, ce qui est presque suspect.
Est-ce qu'on ne pourrait pas faire la part des choses? Et d'abord, qui fait la rumeur ? Nous les lecteurs, nous les auditeurs, nous les citoyens du tout venant ? Ou bien ceux qui documentent la rumeur sur papier glacé, qui l’alimentent, qui la tordent et qui la redressent, qui l’essorent et puis la vendent ?
Allez! En avant pour l’autocritique : oui, nous sommes tous de potentiels relais de la rumeur. Et qui dit relais, dit récepteur et émetteur à la fois. Tout cela fonctionne d’après un phénomène nommé « partage social des émotions ». Un psychologue de l’Université de Louvain, Bernard Rimé, a étudié ce phénomène et constaté que, lorsque les gens sont exposés à une information qui suscite une forte émotion, ils éprouvent le besoin presque physiologique de se décharger de cette émotion en la renvoyant autour d’eux, en « partageant socialement » cette émotion. Le chercheur parle de phénomène de transmission exponentielle de l’émotion, qui survient lorsque chaque récepteur d’émotion se transforme en émetteur et touche à son tour plus de deux nouveaux récepteurs.
Bien entendu, il s'agit là d'une machine à propager de l'émotion, et non de la vérité. Par définition, la validité du contenu n’a presque aucune importance, tant que c’est plausible.
C’est ici que la notion de vraisemblance est cruciale, et qu’une rumeur peut se développer à partir du moment où elle repose sur une croyance. Lancez une rumeur qui fait écho à une croyance préalable chez une majorité de personnes, et elle prendra.
Donc, la rumeur, c’est l’être humain, c’est nous tous autant que nous sommes. Nous sommes rumeur.
Ouais. Enfin, voire. Parce qu’il y a autre chose. Et notamment certaines formulations proposées par la presse, par exemple ce genre de phrases qu’on peut trouver sur le site Internet d’Europe 1 : « l'Elysée a toujours mis en avant le fait que l'éventuelle séparation du couple Sarkozy n'était rien de plus que des rumeurs de presse. Des rumeurs alimentées tout de même par l'absence incontestable de Cécilia Sarkozy de la scène publique, où elle n'est apparue qu'à de très rares occasions depuis cet été. »
On a ici un exemple parfait de ce que les psychologues des médias nomment une « exposition sélective à l’information ». L’exposition sélective à l’information est une pratique journalistique qui consiste à livrer une information véritable (un communiqué de l’Elysée, dans le cas présent) et à y accoler un élément modérateur, le plus souvent sous forme de conditionnels ou d’hypothèses, qui viennent contredire la version officielle des faits. L’histoire de la presse est jalonnée d’exemples de ce type, certains se souviennent peut-être du traitement de l’explosion de l’usine AZF, alors que les sources officielles de l’enquête concluaient à l’accident, mais que les articles de presse continuaient souvent d’affirmer : on ne peut exclure complètement la piste de l’attentat, surtout que l’employé de l’usine était un islamiste proche des réseaux afghans des cités toulousaines...
Etonnamment, les suppositions semblent avoir plus de poids que les affirmations. Concernant le cas Sarkozy, on lit ainsi dans la Tribune de Genève : « il n'est pas exclu qu'elle y soit retourné (à l’Hôtel la Réserve) depuis ou qu'elle ait prévu d'y séjourner à nouveau… » Bien sûr, ce n’est pas exclu. Il n’est pas exclu non plus qu’elle y ait retrouvé son amant, il n’est pas exclu non plus qu’elle soit une espionne fuyant le territoire français vers Tripoli avec des échantillons d’uranium. Rien n’est exclu, tant qu’on n’a pas apporté la preuve du contraire.
Moi, c’est ça qui me fascine. Le fait que l’on se jette sur les spéculations avec un appétit bien plus féroce que sur les communiqués béton. Bien sûr, les communiqués béton peuvent dissimuler une réalité passionnante et encore inconnue, bien sûr les spéculations sentent le vrai dans le cas présent, mais un esprit cartésien devrait s’en tenir à des faits.
Pourquoi ne pas se rappeler les bonnes paroles du sociologue Joseph Klapper, grand spécialiste de la communication de masse? Il était arrivé à la conclusion que les médias ne façonnent pas l’opinion des gens, mais s’efforcent plutôt de renforcer leurs croyances initiales. On retombe sur la notion de croyance, mais avec cette fois l’idée que l’écriture journalistique va prendre soin, lorsqu’elle livre un élément allant à l’encontre de cette croyance (par exemple, les démentis de l’Elysée allant à l’encontre de la croyance en un divorce sarkozien), de glisser toujours quelques éléments permettant de donner malgré tout du grain à moudre à cette croyance, fût-ce sous forme de conditionnels ou d’hypothèses.
Exemple toujours sur le site d’Europe 1 : « Les observateurs ont noté que le président de la République regardait moins souvent son téléphone, dans l'attente d'un message. » Eh oui, s’il regarde moins son téléphone, c’est parce qu’elle ne l’appelle plus, c’est qu’elle l’a quitté. A chacun d’extrapoler, de donner corps à sa croyance avec ces bribes de suggestion. Mais c’est tellement meilleur quand on peut se faire soi-même son propre raisonnement. On se sent détective, perspicace, à la pointe d’une information excitante car incertaine. Finalement, les embrasements de rumeurs révèlent la dimension fondamentalement projective de l’esprit humain, surtout l’esprit de la collectivité, qui veut toujours avoir un temps d’avance sur le réel et fait pour cela œuvre d’imagination, de rêve ou de créativité.

samedi, octobre 13, 2007

Amour, gloire et beauté

Le site de l'Elysée avec un jeu citoyen : trouver LA page sans la photo de notre PR (comme on dit maintenant).

Little brother

L'omniprésence du président dans les médias est le résultat d'une stratégie pensée dans ses moindes détails. Des journalistes témoignent du rythme d’enfer imposé par le Président.
Par RAPHAËL GARRIGOS et ISABELLE ROBERTS
QUOTIDIEN : vendredi 21 septembre 2007
Les journalistes sont fatigués. «On a le nez dans le guidon», dit l’un. «On est noyés», soupire un autre. «J’en ai marre de toujours courir à droite et à gauche»,lâche une troisième. Tous crevés, épuisés, rincés par Nicolas Sarkozy, qui imprime à ceux qui le suivent le même train que le sien : d’enfer.
«Sarkozy, c’est le Jimi Hendrix de la com, un virtuose. C’est lui qui choisit le terrain, le timing, c’est lui qui mène la danse», reconnaît Bernard Zekri, directeur de la rédaction de la chaîne tout info i-Télé et de Canal +. Là où Chirac communiquait pépère une fois par mois en moyenne, là où Mitterrand jouait de la rareté de sa parole, Sarkozy est partout et tout le temps.
«Permanence». Cette semaine, c’était un festival : un discours sur le social à Paris, sur les fonctionnaires à Nantes… Avec, à chaque fois, les journalistes dans sa roue : «Il a dessiné un nouveau Tour de France, et nous on est les suiveurs», résume Zekri. A chaque déplacement de Sarkozy, un sujet au JT, des sons à la radio, un tombereau de dépêches AFP… «C’est notre rôle de chaîne d’info en continu, plaide Guillaume Dubois, directeur de la rédaction de BFM TV, que de suivre le Président en permanence.»
Même chanson à l’Agence France Presse : «On n’a pas tellement de solutions, l’AFP est censée tout couvrir, il faut suivre Sarkozy. Après on peut jouer sur le volume des dépêches. Sur les obsèques du marin pêcheur auxquelles Sarkozy a assisté, par exemple, on n’en a pas fait des tonnes». Pour Philippe Ridet, qui au Monde suit Sarkozy, «un accrédité doit suivre a priori, c’est le président, il propose des choses. Après, notre responsabilité, c’est écrire ou pas».
Le 6 septembre, la veille du Conseil des ministres décentralisé en Alsace, Patrice Machuret, journaliste à France 3, a fait un truc de fou : contrairement à tous les suiveurs du Président, Libération inclus, Machuret n’a pas fait de sujet. «Il n’y avait rien, rien de nouveau, rien qu’il n’ait déjà dit, raconte Machuret, j’ai appelé la direction, ils m’ont dit : Ah, t’es sûr ? et puis ils m’ont écouté.» Ne pas faire de sujet quand il n’y a rien à dire, quoi de plus normal. Pourtant, les confrères de Machuret l’ont regardé de travers. Lui persiste et signe : «C’était de la com. C’est compliqué parce que Sarkozy nous bombarde tellement, le recul n’est pas facile à prendre, mais il faut que nous, les journalistes, on fasse attention.»
«Agenda». Faire gaffe : pas si facile pour ces moulinettes à info que sont LCI, i-télé et BFM TV. La journaliste Valentine Lopez, spécialiste de Nicolas Sarkozy pour i-Télé, l’admet : «C’est vrai qu’on en fait beaucoup mais, en même temps, Sarkozy est imprévisible. Il nous impose son agenda. Il distille de l’info tout le temps.» Géraldine Woessner, de BFM TV, renchérit : «Personne ne nous oblige à faire les sujets, mais on risque le ratage.» Les deux journalistes font le même constat : pas assez de temps pour travailler, passer des coups de fils, vérifier. Bref, faire son boulot de journaliste.
Belles vitrines pour Sarkozy que ces chaînes info qui, depuis des mois, ont toutes pris le même pli : la retransmission des discours présidentiels en direct. Micro ouvert pour Sarkozy, sans filtre, sans commentaire, sinon, ici et là, un débat ou une analyse avant ou après la prestation. La course au direct va même jusqu’à retransmettre les déclarations des porte-parole de l’Elysée (BFM TV) ou de Matignon (LCI) !
Très décontractée, l’OPA de Sarkozy sur les médias, et sans risque : alors que le gouvernement, la majorité et l’opposition se partagent le temps de parole télévisé par tiers, celui du président de la République est à part. Décompté par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), mais les chaînes n’ont pas à compenser du Sarkozy par du Hollande. Cet été, le député PS Didier Mathus a attiré l’attention du CSA sur cette atteinte au pluralisme. Réponse : tout doux, le CSA réfléchit depuis plus d’un an, «mais il ne faut pas attendre de décision avant au moins la fin de l’année», indique-t-on au CSA. Pendant ce temps, Sarkozy poursuit son marathon médiatique.

De la méthode

Avec un agenda savamment surchargé et adapté en permanence, Nicolas Sarkozy a mis en place une stratégie destinée à asphyxier les médias.
Par ANTOINE GUIRAL
QUOTIDIEN : vendredi 21 septembre 2007
Au bord de la Sarkoverdose ? Hier soir encore, le chef de l’Etat s’est invité en prime time dans les JT des deux principales chaînes de télévision, depuis son bureau de l’Elysée, pour assurer le service après-vente de ses deux discours de la semaine sur le social et la fonction publique. Comme chaque semaine, il est aussi à la une de plusieurs magazines. Tourne en boucle sur les radios et télé d’info en continu. Et sa photo s’étale partout en France sur des affiches et les murs des kiosques. Quand ce n’est pas lui, son épouse Cécilia prend le relais : tout l’été, elle a fait la couverture des magazines et celle de l’Express la semaine dernière. Depuis le début de la semaine, Libération a consacré trois unes d’affilée à Sarkozy, dont celle-ci, pour évoquer la manière dont l’omniprésident asphyxie les médias en leur imposant son agenda, la clé de voûte du succès de sa communication.
Bouger. Dévoilé chaque semaine lors d’une conférence de presse à l’américaine par le porte-parole de l’Elysée, David Martinon, mis en œuvre par son chef de cabinet, Cédric Goubet, cet agenda est l’objet de toutes les attentions du Président. Chaque matin, vers 8 h 30, «il réunit ses plus proches collaborateurs et donne des instructions politiques qui doivent être mises en musique dans son agenda officiel dans les jours à venir», raconte l’un d’eux. Bouger, occuper le terrain, se montrer à l’étranger (mais jamais trop longtemps), alterner les moments de solennité dans des cadres institutionnels et les rencontres avec de «vraies gens», se montrer dans les stades (il assistera ce soir au match de rugby France-Irlande) ou les usines, poser (en riant si possible) aux côtés des grands de ce monde, et ne surtout pas oublier les victimes ou des champions (il remettra la Légion d’honneur à Tony Parker le 28 septembre)…
En dépit des apparences, Nicolas Sarkozy exige qu’on lui ménage d’abondantes plages libres. Et il peut piquer de grosses rognes s’il les juge insuffisantes. Il dit que ces ­moments creux ont été décisifs pour lui durant sa campagne pourtant menée pied au plancher.
Au quotidien, de savants dosages sont opérés pour donner de la cohérence à l’ensemble. Tous les arbi­trages sont évidemment rendus par Nicolas Sarkozy, qui peut chambouler ce bel ordonnancement pour cause d’actualité.
Vers 9 h 30, l’équipe de presse et des déplacements présidentiels se réunit autour de David Martinon pour se répartir la besogne et effectuer les fameux «prépas» (les voyages préparatoires) destinés à mettre au point chaque détail de la mise en scène du déplacement présidentiel : trajet à pied depuis sa voiture, positionnement des caméras et des appareils photo, organisation des pools pour la presse, décors en arrière-plan, positionnement des barrières pour la foule…
«Rien». Une association a lancé un appel pour «une journée nationale sans Sarkozy dans les médias» le 30 novembre, date anniversaire de l’annonce officielle de la candidature à la présidentielle de l’ex-ministre de l’Intérieur. «Pas une image, pas un son, pas une ligne sur les faits et gestes de Nicolas Sarkozy ne doivent sortir ce jour-là des rédactions ! Ni éloge, ni critique, ni commentaires ! Rien de rien s’il vous plaît», supplie Pierre Biloun, le sociologue qui préside l’association Rassemblement pour la démocratie à la télévision. Interrogé hier lors d’une conférence de presse sur la journée sans Sarkozy, Martinon, a répondu par une boutade : «A vous de voir si vous avez envie de vous censurer ce jour-là… ou de prendre une journée de congé supplémentaire.»
A plusieurs ministres, Sarkozy a récemment conseillé de pratiquer comme lui l’asphyxie médiatique : «Inondez les rédactions, bougez, démultipliez-vous.» Aux dernières nouvelles, personne ne lui a encore volé la vedette.

Le travail c'est la santé

Vive le stress et la routine


Les vacances sont loin. Vous faites grise mine… Et pourtant la routine, loin de nous nuire, est un gage de bonne santé. CQFD.

Paru le 06.10.2007, par Nathalie Manoukian
VOUS AVEZ DES HORAIRES STRICTS ?
Se lever aux aurores pour arriver à temps au bureau où l’on va passer un nombre d’heures fixes, rentrer et se coucher avant que l’horloge sonne les onze coups de 23 heures, nos journées sont réglées comme une montre suisse. La bonne nouvelle : nos horloges biologiques internes, vite déréglées en cas de repas pris à n’importe quelle heure, de nuits blanches et de grasses matinées, adorent le train-train. Et comme le dérèglement de ces horloges est mis en cause dans certaines formes de dépression, on a de bonnes chances de garder le sourire. En outre, l’hormone de croissance, qui est notre meilleure arme anti-vieillissement, est surtout sécrétée en première partie de nuit.
VOUS ÊTES SATURÉE DES BOUCHONS ?
Radars, horodateurs et trafic intense : le moindre kilomètre en voiture dans les grandes villes n’a pas son pareil pour nous stresser. La bonne nouvelle : on va bien plus vite en marchant, en courant ou en pédalant pour parcourir de petites distances. À faire d’un pas rapide! Pour savoir si l’on est dans le bon rythme, on doit calculer sa fréquence cardiaque maximale (elle est de 220 moins son âge, soit 220 – 35 = 185 pour un femme de 35 ans). Au cours des exercices, elle doit atteindre 60% de cette fréquence maximale (soit 185×60%= 111). Avec quarante minutes par jour passées à marcher, courir ou pédaler, le risque de déclarer un cancer du sein diminue de 38% par rapport aux sédentaires, selon l’Inserm (institut national de la santé et de la recherche médicale). Autres avantages d’une activité physique régulière : c’est un moyen simple de décharger son trop-plein de stress, de régulariser sa tension artérielle et de s’endormir facilement le soir.
VOUS MENEZ UNE DOUBLE JOURNÉE ?
Celles qui mènent de front vie professionnelle et familiale savent combien il est difficile de contenter tout le monde. La bonne nouvelle : travailler, vivre en couple et avoir des enfants – les trois à la fois – diminuerait le risque d’arriver en surpoids à la cinquantaine. Alors que ce risque est de 38% pour celles qui n’ont pas eu d’enfants ou ont arrêté de travailler, il n’est que de 23 % pour celles qui ont le « triplé gagnant » (selon le Journal of Epidemiology and Community Health). Par ailleurs, pères et grands-pères ont tout intérêt à se rendre utiles. Une étude réalisée chez des retraités qui donnent de leur temps montre que leur risque de mortalité diminue de 60% par rapport aux seniors qui se replient sur eux-mêmes… (Psychological Science).
L’AMBIANCE AU BUREAU EST EXÉCRABLE ?
Entre les ambitions des uns, les jalousies des autres et la pression croissante pour rendre toujours plus de travail plus vite, rester zen devient mission impossible ! La bonne nouvelle : médire de temps à autre favoriserait les liens sociaux et les rapprochements avec ceux ou celles qui partagent les mêmes sentiments que nous! C’est une revue américaine très sérieuse (Personal Relationships) qui le dit…
D’autre part, pour les fumeuses invétérées, être dans un univers sans fumée oblige à se passer de cigarette au moins quelques heures. De là à arrêter pour de bon, il n’y a qu’un pas… Les bénéfices se font alors vite sentir : après soixante-douze heures, les bronches retrouvent leur calibre normal. Après un an, l’augmentation du risque d’accident vasculaire cérébral a disparu ; et celle du risque d’infarctus est divisée par deux. Après cinq ans, c’est cette fois l’augmentation du risque de cancer du poumon qui est diminuée de moitié.

BASF, après la K7, des patates pour le futur...

La pomme de terre OGM de BASF : une patate chaude pour les pays européens

Pute et soumise

La secrétaire d'Etat à la Ville restera au gouvernement même si l'amendement ADN du projet de loi sur l'immigration est maintenu. Un amendement controversé, à l’origine d’une mobilisation plurielle ce week-end.
"Si l'amendement est confirmé, oui, je resterai". Fadela Amara, a annoncé son intention de ne pas quitter le gouvernement, même si l’amendement Mariani sur l’utilisation de tests ADN dans le cadre du regroupement familial est maintenu. La secrétaire d’Etat à la Ville avait utilisé le terme de "dégueulasse" envers ceux qui "instrumentalisent" l'immigration. Dans l'émission "Thé ou café" de France-2 samedi, elle a estimé que la polémique déclenchée par ses propos avait été "une réaction disproportionnée".